La Clinique Oméga accueille une nouvelle unité pour la prise en charge des personnes souffrant de dénutrition. Eclairage sur cette maladie avec le Dr Julie Gonneau-Lejeune, médecin nutritionniste et Julien Rousselot, diététicien.

Quelles sont les principales causes de la dénutrition ? 

Il existe plusieurs terrains, à tous âges, avec plus de prédisposition dans la petite enfance et en fin de vie. Les causes sont principalement la précarité, les maladies chroniques, la polymédication – c’est-à-dire le fait d’avoir plusieurs traitements médicamenteux. Il existe aussi un risque accru de dénutrition avec les cancers, les chirurgies cardiaques et digestives.

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Quelle différence avec l’anorexie ? 

Il y a une nuance. L’anorexie est un symptôme que l’on retrouve dans la dénutrition ; l’anorexie mentale peut débuter par un régime un peu trop draconien, effectué sans surveillance ni contrôle. Ou par un jeune thérapeutique cumulé, une pratique à la mode dans un souci de bien-être.

Quels sont les signes ou les symptômes qui doivent alerter ? 

La perte de poids. Perdre plus de 3 kilos par rapport à son poids initial est un signe d’alerte de dénutrition. D’où la vigilance si on perd de l’appétit, saute des repas, ou si les vêtements commencent à flotter.

Dans ce cas, faut-il consulter son médecin ? 

Oui, il faut consulter son médecin traitant pour comprendre et analyser les causes sous-jacentes : une dépression, un deuil, l’apparition d’un cancer, entre autres. La découverte d’un diabète de type 2, en décompensation, peut aussi entraîner une perte de poids.

Comment se soigner ?

Il est important, d’abord, de déterminer les facteurs de risque avec une prise en charge très globale du patient. Exemples : remédier à la précarité sociale, aux troubles buccodentaires, aux problèmes de déglutition, ou encore évaluer si le patient n’est pas dans une alimentation thérapeutique excessive. Manger sans sel, sans sucre, sans gras, c’est le risque d’une assiette trop pauvre, en plus de ne pas être appétissante. Il existe beaucoup d’idées reçues sur l’alimentation thérapeutique lors de pathologies chroniques (diabète, hypertension artérielle). Attention à ne pas tout supprimer. L’important, c’est d’équilibrer sa nourriture. Respecter les trois repas quotidiens, fractionner son alimentation, en veillant à enrichir les repas.

Pourquoi faut-il privilégier les protéines ? 

Les protéines ont un impact direct pour maintenir la masse musculaire, et donc reprendre du poids. Avec l’accord du patient, le professionnel de santé réalise une enquête alimentaire pour évaluer ses besoins en calories globales et ajuster les enrichissements nutritionnels nécessaires. Le but, c’est d’augmenter le volume de calories sans augmenter le volume de l’assiette, tout en retrouvant le plaisir de manger.

Comment se déroule leur suivi des personnes dénutries à la Clinique Oméga ? 

Nous proposons une évaluation diététique et médicale pour déterminer le niveau de dénutrition. En fonction du projet thérapeutique du patient, d’autres professionnels peuvent intervenir dans le parcours de soins, et selon une fréquence variable : tous les 15 jours pour certains patients, une fois tous les six mois pour d’autres. Des patients peuvent également être accueillis avant ou après une chirurgie lourde pour aider l’organisme à se réadapter.

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Obésité et dénutrition ? 

« Les deux maladies ne sont pas antinomiques, elles peuvent cohabiter », souligne le Docteur Gonneau-Lejeune. Exemple ? « Vous avez un patient obèse dénutri qui peut être en obésité selon l’indice de masse corporelle (IMC) mais qui perd du poids ou de la force musculaire à cause de la dénutrition ». Un examen par ostéodensitométrie (Dexa) ou impédancemètre permet d’évaluer précisément la composition de la masse corporelle.

Légendes photos 

Julie Gonneau-Lejeune, médecin nutritionniste à la Clinique Oméga, et Julien Rousselot, diététicien. 

Une personne es dénutrie lorsqu’elle perd trop du poids, des muscles et de la force. 

L’anorexie mentale peut débuter par un régime un peu trop draconien, effectué sans surveillance ni contrôle

En prévention, il est conseillé de maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire au quotidien. 

 4 conseils pour prévenir

• Bien s’alimenter
• Surveiller son poids 
• Pratiquer une activité physique régulière
• Surveiller son hygiène bucco-dentaire

En chiffres 

• 12 000 personnes atteintes à la Réunion 
• 2 millions en France 

Pour en savoir plus, consultez le site du collectif de lutte contre la dénutrition.(qrcode)